Rester en phase
OCTOBRE 2011, COSNÉ-SUR-SOIE
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A la tête de deux cent cinquante hectares, dans le Morvan, et d'un troupeau de quatre-vingts allaitantes, Pierre ne voit plus le jour depuis quelque temps. Plusieurs vêlages se sont mal passés. Il a perdu une vache et deux veaux. Et maintenant, son associé ne veut plus s'occuper du végétal, mais d'un atelier de volailles en plein air. Quelques tensions se sont créées alors avec lui.
« Jean pourrait quitter le Gaec d'ici à la fin de l'année », annonce Pierre à Armand, son technico-commercial, dès son arrivée dans la cour de la ferme. Après un tour de plaine des parcelles de colza qui ont besoin d'être régulées, suite à une période végétative postsemis très favorable, les deux hommes se retrouvent autour d'un bon café. « Il va falloir que je me réorganise. Je voudrais éviter l'embauche d'un salarié.
Ma trésorerie est trop juste après l'achat d'un semoir combiné », détaille l'agriculteur l'air soucieux.
Touillant son café, Armand réfléchit quelques instants. « Ton voisin qui est seul ne gère que deux cultures. Et il semble ne pas s'en plaindre. Hier encore, il me disait qu'il avait trouvé son régime de croisière pour son organisation. Tu ne veux pas essayer de faire comme lui ? Cinq productions différentes comme tu fais, c'est beaucoup. Passes à trois et je t'aiderai à les optimiser au maximum. »
« Non et non, je ne suis pas d'accord avec toi Armand. » Pierre vient d'un ton ferme de refuser la proposition du TC. Le « non » de Pierre résonne aux oreilles du technico.
Se levant, les mains sur les hanches, il se campe face à Armand. « Tu veux dire que tout le travail que j'ai fait depuis cinq ans pour améliorer la structure de mes sols, bosser de façon plus juste par rapport à l'environnement et limiter les risques en diversifiant mes productions, je vais devoir m'asseoir dessus ? »
Pierre est interloqué, il ne comprend pas que son technico-commercial n'ait pas mieux saisi son choix de vie et de cultures. « Mais je ne veux plus faire comme hier. Tu es un très bon technicien Armand. Tu m'as fait gagner des quintaux sur le colza avec des alertes au sclérotinia il y a trois ans. Mais alors là, faut comprendre mon évolution et mes choix de gestion mon gars. Sinon, cela ne va plus le faire entre nous. »
Hélène Laurandel
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